Avec mars 2020 qui tire à petits pas à son terme, cela va faire à minima trois mois que le coronavirus dicte sa loi. De par le monde la pénurie de respirateurs artificiels est le problème numéro un face à l’afflux de patients atteints. Les hôpitaux sont débordés et parfois obligés de procéder au tri des personnes à connecter aux dispositifs d’aide à la respiration. Face au manque de respirateurs à utiliser contre le coronavirus, les solutions envisagées tournent autour de l’open source, du Do It Yourself et de la possibilité de mobiliser de grands acteurs de l’industrie pour fabriquer des respirateurs dans les plus brefs délais. Bref, le monde se mobilise pour apporter une réponse à cette problématique globale de santé. Petite note d’humour : même les cybercriminels ne sont pas en reste puisque certains promettent de ne pas attaquer les hôpitaux en pleine pandémie.
Mais, la gestion du pendant c’est aussi la prise en compte de la dimension économique étroitement liée à celle de la santé. À ce sujet, un récent sondage du cabinet anglais Ernst & Young (EY) laisse filtrer des détails sur les dispositions en cours au niveau des entreprises et sur les prévisions post-pandémie. L’enquête qui a mobilisé 2600 responsables d’entreprises de 46 pays a mis en lumière le fait que 36 % accélèrent leurs investissements dans la filière de l’automatisation. En d’autres termes, alors que la pandémie continue de sévir, l’automatisation prend pied de façon plus importante au sein de ces dernières. En sus, 41 % des répondants envisagent de repenser leur stratégie pour aller vers l’automatisation. Grosso modo, les chiffres permettent de se faire une image de ce que pourrait être l’après pandémie.
La publication d’Ernst & Young (EY) arrive quelques jours seulement après la sortie de chiffres montrant que 3,3 millions de personnes ont déposé une demande d'allocation de chômage aux États-Unis. C'est un important bond puisqu'on est parti de moins de 300 000 la semaine précédente. Au Royaume-Uni, 477 000 personnes ont, il y a peu, fait la demande pour un crédit universel. Selon les estimations du gouvernement, environ 1,5 million de travailleurs en Grande-Bretagne courent un risque élevé de perdre leur emploi à cause de l'automatisation. Les caissiers des supermarchés ont déjà fait les frais du phénomène, selon des chiffres publiés l’année dernière par l'Office des statistiques, avec 25,3 % des emplois qui ont disparu entre 2011 et 2017.
Certains groupes technologiques expérimentent déjà des points de vente au détail qui ne nécessiteront pas de caissiers. Amazon, qui s'est étendu à la vente de produits alimentaires, a un supermarché à Seattle sans caissier. Ce dernier s'appuie plutôt sur une technologie dédiée couplée à des capteurs pour suivre ce que les clients retirent des rayons et générer des factures. McDonald's pour sa part est en train de passer à des kiosques de commande automatique dans ses restaurants, supprimant ainsi la nécessité pour les clients de parler aux employés au comptoir.
En fait, pour le cas des USA, l’automatisation est destinée à remplacer plus de 30 millions de travailleurs : cuisiniers, serveurs, employés du secteur de la restauration, chauffeurs de camion sur de courtes distances, etc.
D’avis d’observateurs, la technologie est prête pour prendre des emplois aux hommes depuis des années, mais les décideurs ne pouvaient aller à une adoption massive (et donc des licenciements à grande échelle) sans une poussée extérieure. En effet, les entreprises de Wall Street prédisent depuis un certain temps que la prochaine récession et la prochaine flambée du chômage entraîneront la suppression de nombreux emplois au profit de l'automatisation. Il semble que la pandémie de coronavirus marque ce nouveau départ.
Source : Ernst & Young
Et vous ?
Qu’en pensez-vous ?
La pandémie de coronavirus peut-elle marquer un tournant important du rapport entre l’humain et l’automatisation ?
Voir aussi :
USA : chaque nouveau robot supprime six emplois et réduit les salaires, d'après une étude du bureau national de recherche économique
La France dispose de l'un des plus faibles potentiels d'automatisation d'emploi en Europe, selon une étude
À l'instar de Benoît Hamon, Bill Gates propose l'instauration d'une taxe sur les robots et estime qu'il ne faut pas renoncer à cet impôt
Emploi : l'intelligence artificielle suscite des craintes dans le secteur bancaire français, des emplois seraient menacés d'après le syndicat SNB
L'intelligence artificielle est susceptible de supprimer 6 % des emplois aux États-Unis d'ici 2021, selon une estimation de Forrester
Raymond Kurzweil, un directeur de Google estime que l'IA créera de nouveaux emplois pour remplacer ceux qu'elle supprimera, partagez-vous cet avis ?