Il y a cinq ans, les opérations britanniques de Prime Air étaient au centre d'une campagne de relations publiques frénétique, les dirigeants d'Amazon affirmant que les drones livreraient des colis d'ici quelques années. L'entreprise a offert des visites de son laboratoire secret de drones aux écoles locales, a ouvert un nouveau bureau gigantesque à Cambridge et a diffusé une série de vidéos promotionnelles pour les vols qui ont été vues par des millions de personnes. Les régulateurs britanniques ont également accéléré les autorisations pour les tests de drones, ce qui a fait du pays un banc d'essai idéal pour les vols de drones et a ouvert la voie à Amazon pour obtenir l'approbation réglementaire ailleurs.
Mais dans les années qui ont suivi, les tournées ont cessé, les vidéos promotionnelles ont fait l’objet de retrait de la chaîne YouTube d'Amazon et, à l'exception des promesses occasionnelles de cadres de l'entreprise selon lesquelles les drones de livraison deviendraient une réalité dans les mois à venir, la campagne de relations publiques de l'entreprise, auparavant très répandue, a disparu. Aujourd'hui, une demi-décennie après avoir effectué les premiers vols d'essai au Royaume-Uni, l'ensemble de l'équipe britannique d'analyse des données du projet est mise à la porte.
Des retours d’anciens employés font état de ce que le projet Prime Air a commencé à exhiber des signes d’étranglement dès fin 2019, ce, au milieu d'un remaniement constant des travailleurs et des gestionnaires. À l'époque, l'équipe de drones était divisée en trois divisions qui analysaient les séquences pour détecter différentes menaces : les humains et les animaux, les autres objets artificiels dans le ciel et la cartographie 3D, qui aidait les drones à faire la différence entre une pelouse et, disons, une piscine. Des embauches fréquentes, principalement par le biais d'agences d'intérim, ont renforcé l'équipe d'analyse des données, qui constituait une grande partie des opérations britanniques de Prime Air à Cambridge. Le département était chargé de passer manuellement en revue les séquences de vols d'essai et d'identifier les menaces ou les objets pertinents - essentiellement en utilisant l'apprentissage automatique pour former les drones d'Amazon.
La mise sur pied de ce système mettant en œuvre l’apprentissage automatique devait prendre en compte un certain nombre de paramètres. En effet, la masse d’un drone varie entre 25 et 27 kilogrammes ; un paramètre qui a posé des problèmes dans le cadre de la mise sur pied du système d’atterrissage. Alors que d'autres entreprises de drones visent à déposer des colis depuis plusieurs mètres dans les airs ou depuis une hauteur encore plus élevée à l'aide de parachutes, les ingénieurs d'Amazon ont dû trouver le moyen de faire atterrir les drones devant les maisons des gens et de déposer un colis à peine au-dessus du sol. Ceux-ci étaient censés voler jusqu’à une hauteur de 122 mètres. Une question additionnelle et sujette à controverse au sein des équipes d’Amazon se posait alors : fallait-il identifier ou non les individus dans le champ visuel du drone ? 86 % des colis livrés par l’entreprise en 2016 avaient des masses allant jusqu’à 2,3 kg. Le système de livraison par drones était dédié à la gestion de cette catégorie de colis.
Amazon avait mis en avant le fait que le système permettrait de livrer les acheteurs dans un délai maximum de 30 minutes après validation de la transaction sur son site, ce, sur des périmètres de 16 kilomètres.
Amazon Prime Air devrait garder un pied en Grande-Bretagne pour étendre ses activités, mais sur des projets autres que la livraison par drones. Les tests du système devraient néanmoins se poursuivre aux USA où l’entreprise a reçu un agrément de l’autorité aéronautique compétente.
Et vous ?
En quoi est-ce pertinent de mettre sur pied un système volant piloté à l’intelligence artificielle pour effectuer des livraisons de colis d’à peine 3 kilogrammes ?
Avez-vous envie de voir le ciel envahi de drones bruyants et potentiellement dangereux ?
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