Linux a dépassé macOS pour devenir le deuxième système d'exploitation le plus utilisé sur Steam grâce à une croissance en termes de parts de marché attribuable au Steam Deck basé sur Linux. C'est ce qui ressort de la dernière étude Steam Hardware & Software Survey de juillet. Une constante demeure cependant : Linux (1,96 %) reste loin derrière Windows qui mobilise 96,21 %. C’est une tendance de la filière gaming qui rejoint celle mise en avant par le baromètre Statcounter il y a quelques semaines quant à ce qui est du rapport de force entre Windows et Linux sur le desktop. C’est un état des lieux des parts de marché des OS duquel on peut en sus tirer qu’il y a des utilisateurs qui ont opté pour Linux après avoir été sur macOS ou Windows et vice versa. Quels sont les critères susceptibles de fixer un tiers sur un univers plutôt que les autres ? La sécurité ? La convivialité ? Les mises à jour ?
Contrairement à macOS et à Windows, il n’existe pas de plateforme Linux, ce qui peut expliquer que ce dernier soit à la traîne sur le desktop par rapport aux deux autres
Linux est le plus grand projet communautaire dans le monde du développement. Il s'impose dans presque tous les domaines technologiques (serveurs, cloud, mobiles, superordinateur, etc.). Mais il fait un bide sur le marché des PC. Plusieurs ont essayé d'expliquer cela par de nombreux problèmes, y compris le manque de constructeurs proposant des PC avec Linux préinstallé ; le support des pilotes et des logiciels propriétaires ; des interfaces utilisateur que les gens trouvent parfois très basiques ; ou encore le problème de fragmentation de l'écosystème.
Parmi les grands noms de la tech qui ont donné leur avis sur la question, on pourrait citer Linus Torvalds pour qui, si Linux a du mal à réussir sur le marché des OS desktop, c'est principalement à cause de la fragmentation de l'écosystème. Mark Shuttleworth, fondateur et PDG de Canonical (éditeur d'Ubuntu), a, quant à lui, évoqué le manque de vision futuriste. Il blâme la communauté qui, selon lui, essaie plus de faire des choses qui ressemblent à ce qui existe déjà, au lieu d'innover (comme il a voulu le faire avec le projet Unity) ; ce qui conduit à des forks et fragmentations, qui vont à leur à tour freiner l'adoption de Linux sur desktop.
Mais pour Tobias Bernard, designer travaillant pour Purism afin d'apporter GNOME sur mobile avec le téléphone Librem 5, le véritable problème de Linux est que, contrairement à Windows et macOS, il n'y a pas vraiment de plateforme Linux. « Je pense que le cœur du problème est en fait la couche en dessous : avant de pouvoir avoir des écosystèmes sains, nous avons besoin de plateformes saines pour les construire », dit-il. Mais qu'est-ce qu'une plateforme ?
Pour lui, les plateformes qui connaissent du succès se distinguent par différents éléments qu'on peut manquer facilement en regardant simplement la surface. Du côté des développeurs par exemple, elles disposent d'un OS que les développeurs peuvent utiliser pour créer des applications et elles proposent un SDK et des outils développeur intégrés au système d'exploitation. Il faut également de la documentation pour les développeurs, des didacticiels, etc. pour que les gens puissent apprendre à développer pour la plateforme. Et une fois les applications créées, il doit y avoir un magasin d'applications pour les soumettre.
Mais les développeurs ne peuvent pas créer d'excellentes applications par eux-mêmes. Cela dit, il faut également des designers. Et les designers ont besoin d'outils pour simuler et prototyper les applications ; des modèles d'interface utilisateur pour des choses comme la mise en page et la navigation afin que chaque application n'ait pas à réinventer la roue ; et un langage de conception graphique pour pouvoir visuellement adapter leur application au reste du système. Il faut également des directives d'IHM documentant tout ce qui précède, ainsi que des didacticiels et d'autres ressources pédagogiques pour aider les gens à apprendre à concevoir des applications pour la plateforme.
Du côté de l'utilisateur final, Tobias Bernard explique qu'il faut vous un système d'exploitation grand public avec une boutique d'applications intégrée, où les gens peuvent obtenir les applications créées par les développeurs. L'OS grand public peut être le même que l'OS développeur, mais pas forcément (par exemple, ce n'est pas le cas pour Android ou iOS). Les utilisateurs doivent aussi disposer d'un moyen d'obtenir de l'aide ou un support lorsqu'ils ont des problèmes avec leur système (qu'il s'agisse de magasins physiques, d'un site Web d'aide ou autre).
En d'autres mots, Tobias Bernard estime qu'on ne peut pas parler de plateforme avant de remplir quatre conditions essentielles : un système d'exploitation, une plateforme développeur, un langage de conception et un magasin d'applications. Sur cette base, si nous cherchons dans le monde du logiciel libre, où sont les plateformes ? Selon Tobias Bernard, le seul OS remplissant les quatre conditions dans le monde libre est Elementary OS.
Linux ? Non, car Linux est un noyau, qui peut être utilisé pour créer des systèmes d'exploitation autour desquels peuvent être créées des plateformes, comme Google l'a fait avec Android. Mais un noyau en lui-même ne remplit pas les quatre conditions, et n'est donc pas une plateforme.
En regardant parmi les distributions, on peut penser à Ubuntu, qui est clairement parmi les plus populaires et qui, contrairement aux autres, a son propre magasin d'applications. Mais Ubuntu n'est toujours pas une plateforme, car il n'a pas les éléments les plus critiques, à savoir un SDK ou une pile technologique pour les développeurs et un langage de conception. D'autres distributions se trouvent dans une situation similaire à Ubuntu, mais pire parce qu'elles n'ont pas de boutiques d'applications.
GNOME ? C'est la pile de bureau la plus populaire dans le monde du logiciel libre, et il possède un SDK et un langage de conception. Mais, il n'a pas de système d'exploitation. De nombreuses distributions sont livrées avec GNOME, mais elles sont toutes différentes d'une manière ou d'une autre, donc elles ne fournissent pas un objectif de développement unifié.
En résumé, le fait qu'il n'y ait pas de plateforme Linux (une "plateforme" dans le monde Linux qui remplit ces quatre conditions) rend difficiles le développement et la distribution d'applications avec une bonne expérience utilisateur. Ce qui pourrait être la racine de tous les maux de Linux sur desktop.
L’aspect sécurité pourrait être la raison pour laquelle certains ont opté pour Windows plutôt que macOS ou Linux
C’est ce que suggère une analyse de la National Vulnerability Database (base de données nationale) de la National Institute of Standards and Technology (l'Institut national des normes et de la technologie). Dans un état des lieux sur une décennie, il en ressort que Windows est l’univers le plus sûr devant macOS, Linux et autres Android.
Au cours des 20 dernières années, Debian Linux, logiciel libre et convivial, a enregistré 3067 vulnérabilités techniques, ce qui en fait le produit le plus vulnérable. Le produit n'est cependant pas sans défense. Selon son site Web, la communauté qui utilise Debian Linux est « très réactive » et les vulnérabilités sont généralement corrigées en quelques jours. Bien que les résultats de l'analyse montrent que Debian Linux peut être le système d'exploitation le plus problématique, Android a signalé 54 vulnérabilités de plus que Debian Linux en 2019. Cela pourrait être dû au fait que les téléphones Android sont construits avec des applications tierces préinstallées, exposant finalement les utilisateurs à des bogues non contrôlés. Les trois produits qui ont suivi Android et Debian Linux provenaient tous de Microsoft: Windows Server 2016, Windows 10 et Windows Server 2019.
Windows 10 n'a enregistré que 1111 vulnérabilités techniques, et même si nous ajoutons Windows*10 (sorti en 2015) à Windows 7 (sorti en 2009), le total est encore bien inférieur à Android et Debian Linux. Bien sûr, Microsoft a beaucoup plus de produits que Windows, ce qui signifie que l’éditeur a également une charge de vulnérabilités beaucoup plus importante. C’est d’ailleurs ce que montre le tableau ci-dessous :
Microsoft arrive en tête avec 6814 vulnérabilités signalées collectées au cours de la décennie, mais n'a que 12,9 vulnérabilités par produit, contre 54,4 pour Google et 37,9 pour Apple.
Et vous ?
Comment avez-vous choisi le système d'exploitation qui répond à vos besoins et pourquoi préférez-vous le vôtre aux autres que vous avez essayés jusqu'à présent ?
Voir aussi :
« Linux sur Desktop est une catastrophe de Tchernobyl » pour le créateur de GNOME qui n'a pas lancé son poste Linux depuis fin 2012
Le support des applications Linux débarque en préversion sur Chrome OS dans un premier temps sur Pixelbook
« L'année de l'ordinateur de bureau Linux est arrivée » selon le Directeur de la Technologie d'Intel
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Linux, macOS ou Windows : quels sont les critères qui vous ont fixé de façon définitive sur l'un des trois univers ?
La Convivialité ? La sécurité ? Les mises à jour ?
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Le , par Patrick Ruiz
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