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Les fournisseurs européens de services cloud dénoncent les augmentations de prix par Broadcom et ses conditions déloyales d'octroi de licences logicielles,
Ainsi que la vente groupée de produits

Le , par Mathis Lucas

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Les récentes modifications apportées par Broadcom aux conditions d'attribution de licence pour les produits VMware et pour répondre à d'autres préoccupations ne convainquent pas la communauté. Les critiques de Broadcom, dont le groupe industriel européen CISPE (Cloud Infrastructure Services Providers in Europe), ont rejeté ses changements, affirmant qu'ils ne répondent pas à leurs plaintes concernant les augmentations de prix présumées, les conditions déloyales d'octroi de licences logicielles et la vente groupée de produits. Broadcom a contrarié les fournisseurs de services cloud en entreprenant une restructuration controversée après le rachat de VMware.

Le PDG de Broadcom, Hock Tan, a annoncé la semaine dernière une série de modifications des conditions de licence de VMware. Ces modifications ont été apportées en réponse aux plaintes de certains utilisateurs professionnels européens et d'un groupe commercial. Ces changements comprennent des réductions de prix pour les plateformes de VMware et des dispositions permettant aux clients de transférer leurs charges de travail des centres de données sur site vers des fournisseurs cloud et entre différentes plateformes cloud. Broadcom a reconnu avoir créé des malaises avec les changements initiaux apportés à VMware.


Cependant, des critiques telles que le groupe commercial CISPE, qui représente des membres tels qu'AWS (Amazon Web Services) et 26 fournisseurs européens de services de cloud computing, ainsi que l'association française des utilisateurs professionnels Cigref et le fournisseur autrichien de services cloud Anexia, ont repoussé les efforts de Broadcom. Ils ont soutenu que le problème de fond se situe au-delà du modèle de licence d'abonnement de Broadcom. Ils estiment que cette mise à jour ne répond pas à leurs plaintes au sujet des changements apportés à la tarification à la suite l'acquisition VMware l'année dernière.

« En cherchant à présenter cette décision comme favorable à la concurrence et à l'innovation par l'adoption d'une approche d'octroi de licences par abonnement, Broadcom tente d'obscurcir les principaux enjeux de ce litige », a écrit le CISPE dans un communiqué sur son site. Le CISPE résume le problème comme suit :

Citation Envoyé par CISPE

Le modèle de licence par abonnement n'a jamais été un problème ; en effet, les membres de la CISPE et leurs clients l'utilisent déjà. Ce qui menace la viabilité économique de nombreux services cloud utilisés par les clients en Europe, ce sont les hausses de prix massives et injustifiables, le regroupement des produits, la modification de la base de facturation et l'imposition de conditions de licence logicielle injustes qui limitent le choix et enferment les clients et les partenaires.
Broadcom a déclaré qu'il offrait plus de choix à ses clients et à ses partenaires. « Notre offre simplifiée à un prix considérablement réduit répond aux commentaires des clients et vise à faciliter la gestion transparente de la charge de travail », a déclaré l'entreprise dans un communiqué. Le PDG de Broadcom défend ces mesures comme des moyens d'innovation et une meilleure réponse aux besoins des clients, mais les réactions négatives persistent. Dans son communiqué, le CISPE décrit chacun des problèmes comme suit :

L'octroi de licences anti-cloud

Les licences d'abonnement devraient permettre des modèles flexibles de paiement à l'utilisation qui aident les clients et les fournisseurs à adapter les ressources à la demande. Les nouvelles conditions de Broadcom vont à l'encontre de ce principe et sont essentiellement anti-cloud, car elles obligent les partenaires à s'engager et à payer à l'avance pour une capacité de virtualisation dont ils n'auront peut-être jamais besoin.

Au lieu de payer au fur et à mesure de la consommation réelle (sur la base de la mémoire utilisée), comme c'est le cas pour l'infrastructure cloud et pour VMware auparavant, les nouvelles conditions insistent sur l'engagement initial pour une capacité de trois ans basée sur les cœurs de serveur qui pourraient être utilisés. C'est comme si l'on était obligé de payer à l'avance une flotte de taxis que l'on n'utilisera peut-être pas au cours des trois prochaines années !

« Les pratiques déloyales des éditeurs de logiciels dominants en matière de licences logicielles portent atteinte à la valeur fondamentale du cloud, à savoir la capacité de fournir les services dont une entreprise a besoin au moment et à l'endroit où elle en a besoin », indique le communiqué du CISPE.

Remuer le couteau dans la plaie

Selon le communiqué, l'offre de poursuivre le support des correctifs "zero-day" pour les clients sous licence perpétuelle est insultante dans ses limites. Le fait de ne promettre rien de plus que de corriger les failles logicielles critiques qui apparaissent dans le produit, à moins que le client ne décide de passer à la nouvelle licence d'abonnement, frise le racket.

Faire la leçon aux clients

Enfin, le communiqué indique qu'en faisant la leçon aux clients sur ce dont ils ont besoin et en insistant, contre toute évidence, sur le fait que les nouveaux prix sont plus bas, Broadcom illustre une nouvelle fois sa capacité et son inclination à agir de manière indépendante et contre les intérêts de ses clients et partenaires.

Les nouvelles offres groupées, le passage d'une tarification basée sur la mémoire à une tarification basée sur le cœur et le retrait de certains produits populaires signifient que l'expérience universelle des membres de la CISPE et de la coalition plus large de clients est que les prix ne sont pas plus bas, mais qu'ils ont en fait augmenté par des facteurs de 6, 10 ou même 12 fois.

L'impact critique des régulateurs

« Broadcom a présenté quelques concessions très mineures comme la preuve qu'il est à l'écoute des préoccupations du marché. Mais il nous semble que cette tentative, bien qu'insatisfaisante, de détourner la colère, a été motivée par la demande d'information que la Commission européenne a envoyée à Broadcom la semaine dernière », indique le CISPE.

Selon le CISPE, aucun de ses membres ni la coalition plus large de clients avec laquelle le groupe travaille n'a fait état d'un engagement direct ou d'une offre de discussion ou de négociation de ces conditions de la part de Broadcom. Le CISPE a exhorté les régulateurs antitrust de l'UE à ouvrir une enquête sur la question.

Citation Envoyé par CISPE

Le CISPE se félicite de l'implication de la Commission européenne et la remercie pour cette interaction importante. Nous savons que nous pouvons compter sur le soutien des organisations représentant les utilisateurs professionnels européens, dont le Cigref, avec lesquelles nous travaillons pour trouver des solutions et des alternatives aux défis auxquels sont confrontés tous les clients historiques de VMware chez Broadcom.

Les entreprises de logiciels dominantes se sentent de plus en plus libres de recourir à des pratiques déloyales en matière de licences de logiciels pour fausser les marchés en leur faveur. Nous l'avons vu avec Microsoft et maintenant avec Broadcom. La possibilité pour les fournisseurs de logiciels dominants de choisir unilatéralement les gagnants en décidant qui peut et qui ne peut pas utiliser leurs logiciels sous licence est une forme évidente de discrimination.

Nous demandons instamment à la Commission européenne et aux autres régulateurs puissants d'agir maintenant pour mettre fin à cette vague d'abus qui nuit à la transition de l'Europe vers le cloud et à la croissance numérique. Des enquêtes formelles sont nécessaires dès maintenant.
Depuis le rachat de VMware en novembre 2023, Broadcom s'est lancé dans une refonte complète des licences logicielles de l'entreprise, ce qui a suscité de nombreuses critiques de la part des clients. Broadcom a balayé le programme de partenariat de VMware et l'a remplacé par le sien. Le fabricant de puces a également introduit l'obligation pour ceux qui offrent des produits VMware en tant que service de disposer d'au moins 3 500 cœurs en production pour pouvoir obtenir une licence. Ces licences couvrent plusieurs années. Broadcom avait prévenu en mars qu'il cesserait de vendre des licences aux petits clouds.

Cela empêchera les fournisseurs de proposer des produits VMware en tant que service et nécessitera probablement une migration soudaine et non demandée de leurs clients. Les analystes ont révélé que peu d'opérateurs de clouds utilisant les produits de VMware exploitent 3 500 cœurs, et la plupart d'entre eux sont donc confrontés à un avenir très incertain. Broadcom désignera les petits opérateurs de clouds non admis dans son programme de distribution comme des fournisseurs "secondaires" qui pourront à l'avenir acheter des licences auprès des opérateurs "primaires" qui répondent à l'exigence des 3 500 cœurs.

Cependant, une organisation familière avec cet arrangement a déclaré à The Register que cela n'a pas été bien perçu, car les partenaires primaires devront prendre en charge le logiciel VMware pour les partenaires secondaires. Les partenaires principaux sont configurés pour héberger plusieurs locataires, de sorte que la gestion des opérateurs secondaires ne serait pas une complication majeure, mais les partenaires principaux fournissent rarement, voire jamais, une assistance logicielle au même niveau qu'un fournisseur. Certains critiques estiment que cet arrangement n'est pas viable pour les opérateurs secondaires.

Le mois dernier, le CISPE dénonçait les changements apportés par Broadcom aux licences logicielles de VMware. Le groupe industriel s'oppose à ce qu'il décrit comme une annulation unilatérale par Broadcom des conditions de licence pour des logiciels de virtualisation essentiels. Il affirme que "Broadcom rançonne le secteur du cloud en agissant de la sorte" et avertit que ces activités pourraient décimer le marché européen du cloud. Le CISPE a demandé une pause dans les résiliations de contrats et a appelé les régulateurs européens à mener une enquête minutieuse sur les accords de licence logicielle de VMware et Broadcom.

Source : communiqué du CISPE

Et vous ?

Quel est votre avis sur le sujet ?
Que pensez-vous des faits exposés par le CISPE et ses partenaires pour rejeter les changements apportés par Broadcom ?

Voir aussi

Après 114 jours de changement, le PDG de Broadcom avoue le « malaise » lié à VMware, les changements comprennent la reprise des comptes clients, la transition vers des licences d'abonnement

Le groupe industriel européen CISPE accuse Broadcom de rançonner le secteur du cloud en modifiant les licences logicielles de VMware, et demande l'ouverture d'une enquête sur le fabricant de puces

VMware, propriété de Broadcom, supprime la version gratuite du logiciel de virtualisation ESXi, un changement qui pourrait avoir un impact sur le pipeline d'adoption du produit

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Avatar de chrtophe
Responsable Systèmes https://www.developpez.com
Le 23/05/2024 à 19:57
Je vais pas pleurer pour eux.
4  0 
Avatar de denisys
Membre chevronné https://www.developpez.com
Le 12/09/2024 à 18:24
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3  0 
Avatar de sergio_is_back
Expert éminent https://www.developpez.com
Le 12/09/2024 à 18:30
Citation Envoyé par denisys Voir le message
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J'ai une machine PROXMOX depuis un petit mois et franchement ça marche pas mal
Léger, efficace, bon la documentation est un peu touffue mais on n'a rien sans rien
Moi qui était habitué à ESXi je vois une nette différence de performances

Les containers sont un plus appréciable, déployer un serveur en quelques secondes c'est hyper agréable
3  0 
Avatar de floyer
Membre éclairé https://www.developpez.com
Le 01/11/2024 à 10:54
La suite vmWare va bien au delà d’un simple hyperviseur. Chez nous il permet de créer des environnements pour des directeurs d’applications. Ces derniers ont alors des droits permettant de créer et gérer des machines virtuelles dans le cadre de ces environnements, avec des quotas, sans interférence avec les environnements des collègues. D’autres fonctions sont disponibles (micro segmentation, affinité ou anti-affinités, etc). L’architecture physique est masquée aussi (on demande une VM, le système en crée une sur le serveur où il y a de la place). VMotion permet de migrer une VM d’un serveur à l’autre, ce qui permet des migrations à chaud.

On est très loin d’un QEmu ou KVM pris tout seul.

Une piste que l’on regarde est le manageur Kubernetes Rancher de Suse avec Kubevirt pour avoir des machines virtuelles.
3  0 
Avatar de chrtophe
Responsable Systèmes https://www.developpez.com
Le 12/09/2024 à 21:05
Allez Proxmox !!!
Invitez vos clients, vos DSI a essayer Proxmox .
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Merci pour la pub.

J'ai fait un gros update dessus qui devrait être mis en ligne d'ici quelques temps, je posterais ici sa disponibilité.
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Avatar de chrtophe
Responsable Systèmes https://www.developpez.com
Le 01/11/2024 à 20:26
Proxmox couvre globalement ce que propose VMWare et ce gratuitement. On peut faire de la réplication, de la migration à chaud, de la haute disponibilité.

Il y a aussi OpenNebula, OpenStack.
2  0 
Avatar de chrtophe
Responsable Systèmes https://www.developpez.com
Le 13/11/2024 à 19:15
Je pense que le mal est fait.

Les clients mécontents concernent les clients ESX/VSphere.
2  0 
Avatar de sergio_is_back
Expert éminent https://www.developpez.com
Le 27/05/2024 à 17:03
Une petite migration vers ProxMox ça vous tente ?
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Avatar de chrtophe
Responsable Systèmes https://www.developpez.com
Le 13/09/2024 à 20:20
Je reste fidèle à VMWAre, qui me permet de créer une machine virtuelle Windows sur laquelle je peux faire tourner des jeux des années 2000 sans problème, et la simplicité pour connecter des périphèriques USB sur la VM.
Virtualbox fait très bien le job également, avec la gratuité de workstation pro, les 2 produits se valent globalement.

Dans un environnement purement Microsoft, Hyper-V est une bonne solution. Moins pour de l'hétérogène (Windows+Linux), bien qu'on peut virtualiser du Linux avec Hyper-V. Il est par contre payant (dispo uniquement à partir de Windows Pro, ou serveur). Et un plus pour l'ntégration ad.

Proxmox est lui gratuit. Pour virtualiser à titre perso depuis une distro Linux, il a y aussi d'autres frontend KVM (comme virt-manager) que Proxmox qui s'apparente plus à un concurrent de l'environnement VSPhere.
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Avatar de Chipalipo
Candidat au Club https://www.developpez.com
Le 02/10/2024 à 17:01
AT&T a eu huit mois pour réorganiser sa propre infrastructure informatique. Étant donné que de nombreuses entreprises ont mis en œuvre leur stratégie de sortie de VMware beaucoup plus rapidement, ce délai aurait été plus que suffisant.
Je suis pas expert du sujet, mais 8 mois pour restructurer le système d'information du 2ème opérateur téléphonique des Etats-Unis, ça me parait assez court
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