Broadcom a finalisé l'acquisition de VMware fin 2023 pour un montant de 69 milliards de dollars. Et presque immédiatement, le géant des semiconducteurs a déclenché une tempête de feu en apportant des changements majeurs au catalogue de produits de VMware, notamment en modifiant les licences logicielles et en mettant fin à certains produits. Ces modifications brutales ont impacté fortement les organisations, plusieurs clients ayant vu leurs coûts de licence multipliés par 12. Selon les acteurs européens du cloud, les "tactiques brutales" de Broadcom décimeront le marché indépendant de cloud computing de l'Europe.
À en croire de récents témoignages, ces tactiques brutales semblent se retourner contre Broadcom. Lors de la conférence Next de Nutanix mardi à Barcelone, le directeur technique de Computershare, Kevin O'Connor, a évoqué le rachat de VMware par Broadcom. Sans nommer VMware spécifiquement, O'Connor a déclaré que lorsqu'il est arrivé dans l'entreprise il y a 18 mois, Computershare utilisait Nutanix AHV et un autre hyperviseur non nommé d'un "concurrent bien connu". (Il s'agit probablement d'un hyperviseur de VMware.) Bien qu'il aurait préféré consolider sur un seul, les chiffres n'avaient pas de sens à l'époque.
Plus tard, il a reçu un appel téléphonique qui, selon lui, a eu lieu après ce qu'il a décrit comme "le changement". Au cours de cette conversation, on lui a indiqué un prix futur pour l'hyperviseur (sans nom) de Computershare qui représentait une augmentation d'un facteur de 10 à 15. La migration vers AHV a soudain pris tout son sens et O'Connor a appuyé sur la gâchette. Au cours de l'année prochaine, avant que cette facture massivement gonflée ne soit due, Computershare aura fini de migrer 24 000 machines virtuelles vers l'infrastructure de Nutanix. Selon ses dires, cette décision serait rentabilisée en seulement "quelques mois".
« De manière surprenante, nous en sommes sortis beaucoup plus forts et allégés, avec une base de coûts inférieure à ce qu'elle était avant l'acquisition. Nous sommes en fait ravis que cela nous ait incités à faire ce que nous aurions dû faire de toute façon », a déclaré O'Connor. Bien que O'Connor ne mentionne jamais spécifiquement VMware par son nom, les faits présentés dans son discours laissent peu de doute sur le fait qu'il parlait de VMware. Ce récit est une mauvaise nouvelle pour Broadcom, car il montre que les organisations ne sont peut-être pas aussi dépendantes de VMware que sa nouvelle société mère aimerait le croire.
VMware by Broadcom semble se focaliser sur "les activités à fort revenu et à forte marge" et a fixé le prix de ses produits juste en dessous du seuil de douleur pour les clients qui leur tiennent à cœur. L'on ignore si Broadcom se soucie de Computershare, mais Computershare est une grande entreprise. Il a réalisé un chiffre d'affaires de 3,3 milliards de dollars l'année dernière, et ses 14 000 employés travaillent dans plus de 20 pays, au service de 40 000 clients et de 75 millions de clients finaux. Tout cela nécessite 24 000 machines virtuelles, ce qui n'est pas le plus grand parc existant, mais n'est certainement pas négligeable non plus.
Andrew Phan, DSI de l'hôtel/casino Treasure Island, basé aux États-Unis, semble être arrivé à la même conclusion. Il a déclaré : « nous avons pris la décision de déplacer toutes nos charges de travail, y compris notre environnement critique 24×7, entièrement vers Nutanix lorsque nous avons appris que les prix de notre hyperviseur existant allaient plus que doubler ». Selon plusieurs analystes, l'augmentation habituelle des prix depuis l'acquisition est de 3 à 5 fois, avec des valeurs aberrantes occasionnelles comme dans le cas de Computershare. Ils estiment que l'expérience de Computershare pourrait être un signe annonciateur.
Les analystes estiment en effet que les clients n'abandonneront pas VMware du jour au lendemain, mais petit à petit. « C'est en train de se produire. Il suffit pour s'en convaincre de voir le nombre impressionnant de sacs à dos VMware Explore qui se promenaient sur les stands de Nutanix .NEXT cette semaine », a déclaré Naveen Chhabra, analyste principal chez de Forrester Research. Les critiques affirment depuis longtemps que la stratégie de Broadcom consiste à acquérir des acteurs dont les clients ne peuvent pas se débarrasser. Ensuite, il tente de tirer le moindre profit de ces clients. De son côté, Broadcom nie ces allégations.
Le mois dernier, le groupe industriel européen CISPE (Cloud Infrastructure Services Providers in Europe) a publié un communiqué dans lequel il dénonce les augmentations de prix par Broadcom et ses conditions déloyales d'octroi de licences logicielles. Selon le CISPE, Broadcom rançonne le secteur du cloud en agissant de la sorte. Le groupe a averti que ces activités pourraient décimer le marché européen du cloud. Il a appelé les régulateurs européens à mener une enquête minutieuse sur les accords de licence logicielle de VMware et Broadcom. Les acteurs européens ont rejeté "les solutions" proposées par Broadcom en avril.
Source : Kevin O'Connor, directeur technique de Computershare
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